UNESCO

Dans cette installation, spécialement conçue pour l’Unesco, Margarita Saad a réuni, en un même mouvement, les migrations, la femme, la liberté et la paix.

Sous le signe du multiple, elle propose une expérimentation spatiale. Chaque femme-oiseau a une forme qui lui est propre. La direction de leur vol, les signes qu’elles portent sur elles, s’inscrivent dans un espace que leur mouvement même définit. Elles suivent des trajectoires variées, mais tendent à se retrouver. C’est dans la force de leur rencontre que se crée la dynamique de l’œuvre.

BNF

À l’occasion d’un spectacle-lecture exceptionnel organisé à la BNF en hommage aux trois écrivains franco-uruguayens Lautréamont, Laforgue et Supervielle, Margarita Saad a créé un ensemble d’œuvres basées sur les potentialités esthétiques de certains espaces géographiques et urbains. Elle a proposé deux séries complémentaires. Une réécriture des plans de Montevideo et de Paris et de la carte de l’Uruguay, c’est-à-dire des lieux les plus importants dans l’histoire de ces trois écrivains, lui a permis d’appliquer à des formes connues et reconnaissables les signes-alphabets qui lui sont propres. Elle a pu ainsi jouer sur le familier et l’inconnu, si présents dans la vie et les œuvres de ces trois écrivains. L’originalité de ces œuvres réside dans le double jeu de la littérature et des arts plastiques et dans l’utilisation de formes préétablies, géographiques, pour développer une expérimentation esthétique.

Cette soirée littéraire a eu lieu le 30 mai 2017, dans le cadre de la sixième édition de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France.

Translation Transcription

L’art Oulipien, du Français à l’Anglais

OULIPIAN ART, FROM FRENCH TO ENGLISH

Pendant un an, grâce au soutien du Leverhulme Trust Artist in Residence Program, elle a pu travailler en France et en Angleterre, avec des écrivains oulipiens et des traducteurs autour de ces questions. Les œuvres produites à l’occasion de cette recherche, s’articulaient autour de l’idée de double différent : dessins spéculaires, utilisation matérielle des miroirs pour la mise en place des œuvres. Il s’agissait de placer sous les yeux du spectateur, à travers un travail artistique, les transformations apportées graphiquement par la traduction, l’espace qu’elles produisent et comment elles affectent matériellement le texte soumis au lecteur.

Installation "Cities after hours", matériaux mixtes

Cities after Hours

Invitée à présenter une œuvre lors du colloque « Cities After Hours », organisé par l’Urban Lab de l’UCL (première édition, 2015) et portant sur la ville la nuit, Margarita Saad a travaillé sur le poème d’Olivier Salon « Cri Printanier », antonyme de la « Chanson d’Automne » de Verlaine qui décrit l’humeur mélancolique du narrateur se promenant dans une ville.

Pour ce faire, elle a appliqué deux jeux-contraintes oulipiens. Elle a d’abord fait traduire le poème de Salon par deux logiciels, Google et Systran. Puis, elle a fait retraduire en français cette version anglaise par les mêmes logiciels. Ensuite, elle a fait traduire en anglais cette nouvelle version française. Disposant ainsi de tout un ensemble de textes différents mais liés entre eux, elle les a soumis à une expérimentation plastique, en s’inspirant d’une autre contrainte oulipienne, le texte barré. Elle a alors barré de noir diverses strophes, faisant apparaître un ensemble de profils humains. Puis elle a appliqué à ces strophes barrées de noir une sorte de « quadro riportato » en les faisant basculer de 90°, ce qui a donné le profil d’une ville.

Technique : sérigraphie

Roses

Présentée à Chengdu, au Festival culturel franco-chinois, l’installation de 60 roses occupe un parterre de 2m sur 80 cm.

Il s’agissait de créer un espace interculturel en retravaillant les roses en porcelaine que Madame de Pompadour a commandées à la manufacture royale de Sèvres en cadeau pour Louis XV. Les reproduisant en papier de Chine au lieu de porcelaine, Margarita Saad a inscrit sur chaque rose des signes d’un alphabet inventé. De même, elle a utilisé un pinceau pour peindre ses signes, mais à la place de l’encre de Chine, elle a utilisé de la peinture acrylique. Chaque rose constitue ainsi un poème d’amour rappelant que la rose est dans la tradition occidentale le symbole de l’amour. Le mystère de l’écriture rend visible l’universalité de ces poèmes amoureux.

Paysages de sceaux avec signes

La série « Paysages de sceaux avec signes », est une expérimentation intersémiotique complexe. Margarita Saad s’est appuyée cette fois sur trois univers artistiques particulièrement codifiés : les sceaux chinois, les paysages traditionnels chinois, et la calligraphie arabe. Elle y a encore apporté un autre élément d’étrangeté en utilisant la plume et l’encre de la tradition occidentale, ainsi que les signes qui lui sont propres, nés d’un dialogue permanent avec l’histoire des écritures et la diversité de celles-ci. De cette façon, elle obtient des paysages- impressions toujours familiers et toujours étrangers.

Les "e" retrouvés

La série « J’ai retrouvé les E » est inspirée de deux romans oulipiens bien connus de Georges Perec,  » La Disparition « , lipogramme en e, et son pendant contradictoire, le monovocalisme  » Les revenentes « . Margarita Saad y met en œuvre une approche sémiotique combinant un graphème latin et un jeu sur le vide et le plein, inspiré de la philosophie chinoise. L’encre de Chine lui apporte la fluidité pour les signes qui deviennent tous des  » e « . Le travail sur le relief lui permet, grâce à la perspective ainsi créée, d’unir la lettre « e », le vide et le plein, dans une démarche pleine d’humour.

Taiwan : la forêt de Totems

En résidence durant trois mois comme artiste invitée par l’Institut Français et Taipei Artist Village, Margarita Saad a réalisé “Forêt de Totems” en collaboration avec l’artiste vidéaste taiwanais Lin Hao Pu. Cette installation de ses Sculptures-Totems sur lesquelles étaient projetées des vidéos réalisées en commun à partir des signes dessinés par Margarita Saad faisait en sorte que le spectateur participe à l’œuvre en se promenant entre les Totems et devienne lui-même partie intégrante de la Forêt, se transformant en Totem sur lequel les vidéos étaient projetées.

Il s’agissait de travailler sur le rythme et l’espace en explorant de nouvelles possibilités d’agencement des signes sur des surfaces, et avec des matériaux et des couleurs inhabituels pour l’artiste.

Pour la première fois, elle proposait son œuvre et ses signes inventés, fortement imprégnés de l’art chinois, à un public asiatique. Ceci lui a permis d’aller encore plus loin dans le détournement de la relation signifiant-signifié en invitant le spectateur à déambuler à l’intérieur de l’œuvre.